Claude Saint-Léger
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1897 – 1944
Claude SAINT LEGER naquit le 24 Mars 1897 à LILLE. Il avait une soeur Mme Gilbert DURAND, et un frère Philippe de 9 ans plus jeune que lui.
Claude connut très bien sa grand-mère MARIAGE, qui était née en 1804 et mourut en 1903. Elle avait servi le thé à NAPOLEON III.
Claude fit ses études au lycée et passa son baccalauréat.
Le 2 Août 1914, la guerre fut déclarée à l'Allemagne. Lille fut occupée très rapidement. C'est pourquoi Claude, qui avait 17 ans, décida de s'évader et d'aller s'engager dans la France non occupée. Pour cela, il fallait passer par la Hollande et l'Angleterre.
Claude partit à pied jusqu'à Gand, avec des papiers d'identité au nom de Claude De la VALETTE pour ne pas que sa famille soit inquiétée dans le cas où il serait pris.
A Gand il y avait un passeur qui l'attendait, et qui indiqua le canal de Gand à Terneuzen. Il fallait le franchir à la nage la nuit, mais les sentinelles allemandes tiraient vite. Il arriva à passer et les Hollandais l'aidèrent à gagner l'Angleterre.
Pendant ce temps, ma belle-mère à Lille se faisait beaucoup de soucis. Un vendredi 13, à 23 h., en montant se coucher, elle a vu, sur l'escalier, une énorme araignée qui traversait doucement. Elle a aussitôt pensé "araignée du soir : espoir", elle s'est dit : "Claude est passé". Et c'était le jour et l'heure exacte à laquelle Claude avait traversé le canal, malgré les sentinelles qui lui avaient tiré dessus.
Aussi, dans la famille SAINT LEGER, les araignées du soir sont sacrées.
Claude s'engagea et fut légèrement blessé au pied par un éclat d'obus. Il fut soigné à l'hôpital de Versailles. Puis pendant quelques mois il fit une école d'officier et sortit Aspirant.
Il fut envoyé sur le front et prit part à de nombreux combats. Il eut la Croix de Guerre avec 5 citations, ce qui lui donnait le droit de mettre ses palmes sur son ruban de décoration.
Il vécut beaucoup dans les tranchées, avec des rats et dans la boue, des bombardements journaliers, beaucoup de blessés, de morts. Cela pendant 3 ans.
Je lui ai demandé s'il s'était servi de sa baïonnette. Il m'a répondu : "oui, dans un petit village de Champagne, près de Verdun. On tentait de reprendre un village, et à un coin de rue, je me suis trouvé en face d'un allemand, je l'ai transpercé de ma baïonnette".
Je lui ai demandé quel effet cela lui avait fait. Il m'a répondu : "cela rentre mou". Enfin la guerre s'arrêta en Novembre 1918.
Claude avait gagné quelques galons. Il fut décoré de la Légion d'Honneur à titre militaire.
Mon beau-père André SAINT LEGER, avait une usine de filature de lin située à la Madeleine. Cette usine avait été très endommagée par la guerre et mon beau-père la vendit à M. Édouard AGACHE, père de Donat AGACHE qui avait une usine à Pérenchies, moyennant deux places d'Administrateurs :
- 1 pour lui
- 1 pour Claude
M. AGACHE fit entrer dans la Société ses deux neveux René et Max DESCAMPS. Et tout le monde s'occupa de reconstruire les usines. Ma belle-mère s'occupa de construire des maisons ouvrières. Il y a encore une cité ouvrière à Perenchies qui s'appelle "cité Marguerite SAINT LEGER".
Vers 1920 (je crois) Claude eut une très forte fièvre typhoïde. Il resta plusieurs jours sans connaissance. Comme traitement, il y avait deux infirmiers qui le trempaient dans un baignoire d'eau froide toutes les trois heures. Quand il se releva, il ne savait plus lire, ni écrire, ni compter. On le transporta à Bourbon Laucy où il réapprit à marcher, et à lire.
En 1922, nous fîmes connaissance lors d'une soirée donnée par M. et Mme Joseph BEGHIN pour leurs filles Gisèle et Alice. En Juin 1923, nous nous sommes mariés à PECQ.
Les citations (décorations) que Claude reçut pendant la guerre de 1914, sont au nom de Claude De La VALETTE.
Ecrit par Agnès Wattinne, femme de Claude, en 1985
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